Les éditions Glénat viennent de publier un « beau livre », selon l’expression consacrée. Un livre magnifique, en vérité, consacré aux Forêts sauvages à travers le monde. Boréales, tempérées ou tropicales, elles sont d’une importance capitale dans l’équilibre et la biodiversité planétaire, comme l’explique de manière lumineuse Annik Schnitzler, professeure d’écologie à l’Université de Lorraine, récemment retraitée. Son objectif : « par la découverte et l’émerveillement, convaincre de la nécessité de protéger ce qui reste et tenter de recréer ce qui a disparu ». Elle y parvient en s’appuyant sur le travail remarquable des photographes de l’agence Biosphoto, spécialiste des images naturalistes.
Pas l’ombre d’un humain dans ces pages où l’on s’attarde à détailler les mousses des forêts pluviales, l’éphémère jacinthe des bois en Europe de l’Ouest, les jeux d’ombres sous canopée, les rivières de brouillard flottant à des milliers de kilomètres des forêts sempervirentes où elles sont nées, par évapotranspiration des grands arbres. Mais aussi le vert éclatant du boa émeraude en Guyane, la carapace-bijou de la grande cétoine bleue, l’un des plus grands coléoptères de France, le dauphin rose de l’Amazone, vivant en eau douce, ou le liseré orange d’une grenouille volante malaisienne.
Se démarquant de l’approche courante de la conservation, qui met en avant les services systémiques rendus par les espaces forestiers -atténuation du changement climatique, hydrologie, purification de l’air, comme si protéger la nature devait avoir une justification pour l’homme, sa santé, ses ressources, ses loisirs- l’auteure est adepte d’une écologie profonde, qui défend le vivant sans exigence de contrepartie. « La protection des dernières forêts primaires et des forêts férales ne doit pas être mise en place uniquement au bénéfice de l’humanité », dit-elle à raison.
Forêts sauvages
Annik Schnitzler
Éditions Glénat, 39,50 €
GAËLLE CLOAREC
Article paru initialement dans le journal Zibeline en décembre 2020.
Lire ici notre entretien avec Annik Schnitzler à propos de cet ouvrage.