Mémoire des forêts – épisode 5 : Conflits, la forêt d’empoigne

Cet article est disponible en version audio, lue par l’autrice, Felice Olivesi. Utilisez le lecteur ci-dessus pour l’écouter.

La forêt divise. Qu’il s’agisse d’exploiter son bois, de l’aménager ou de protéger ses écosystèmes, les avis divergent et s’expriment parfois violemment.

Est-ce nouveau ? Non.

Est-ce propre à notre société occidentale ? Il semblerait.

Avant d’aborder le vif du sujet, posons donc quelques jalons.

Dans l’épisode 3 de notre chronique, intitulé « Aux sources de notre imaginaire des forêts », nous avons vu que notre civilisation occidentale s’était bâtie en opposition à la nature sauvage, et qu’après plusieurs étapes décisives – agriculture et sédentarisation, romanisation, christianisation – , nous considérions désormais la forêt comme une pourvoyeuse de ressources ou de services. Dans cette vision du monde, L’Homme se met en dehors de la nature et considère avoir le droit d’y puiser à volonté, limité seulement en cela par la concurrence de ses semblables. Ce modèle n’est pas universel ; les cultures des peuples premiers, par exemple, considèrent les humains comme une pièce dans une sorte de grande machinerie universelle organisée par une nature souveraine qui impose ses règles à tous, règles qu’il convient de connaître et de suivre afin de vivre une vie en harmonie avec tous les êtres vivants ou inanimés. Cela donne un rapport à l’environnement totalement différent ; pour en venir à notre sujet, ces peuples n’ont pas, contrairement à nous, de conflit interne pour savoir comment utiliser les forêts, et pourtant elles parviennent à le faire, et sans les détruire.

Ainsi, si nous voulions répondre à la question « pourquoi nous disputons-nous à propos des forêts ? », la réponse fondamentale serait « à cause de notre façon d’imaginer le monde ». Cela expliquerait pourquoi la controverse dure depuis aussi loin que l’on puisse voir dans nos archives, c’est-à-dire au moins depuis le Moyen Âge.

Mais, ceci posé, il nous faut regarder de plus près ce « pourquoi », et y ajouter des « quand » et des « comment ». En effet, même si la cause première des conflits perdure à travers les siècles, notre société a évolué et, avec elle, les motifs de discorde. Il est intéressant de distinguer ce qui change et ce qui ne change pas entre hier et aujourd’hui, car la forêt et la société qui la façonne ont avancé de concert, et chacune parle de l’autre pour faire avancer notre compréhension du tableau général.

Enfin, faisons un point de vocabulaire. Plusieurs chercheurs (voir en fin d’article pour les références évoquées dans le texte) font une distinction entre controverse et conflit. La controverse, expression d’idées opposées, devient conflit si on la reconnaît comme tel, en la plaçant par exemple dans un cadre juridique ou en la rendant publique, visible ou reconnaissable d’une façon ou d’une autre. Si des tensions liées aux forêts se rencontrent en permanence tout au long de notre histoire, elles n’éclatent pas toujours en conflits. Ces derniers naissent pour des raisons particulières, et comprendre ces raisons, c’est comprendre notre histoire.

Alors, sans plus attendre, jetons un regard curieux sur le passé de nos forêts, à la suite des nombreux chercheurs qui se sont penchés sur la question. À propos de quoi se disputait-on ? Comment les conflits naissaient-ils, se manifestaient-ils, comment étaient-ils résolus ? Peut-on voir une évolution au fil des siècles ? En quoi les conflits du passé peuvent-ils éclairer ceux de notre époque ?

La concurrence pour les ressources

Gravure de forêt
La grande forêt par Boissieu, Jean-Jacques de, 1736-1810 – Bibliothèque municipale de Lyon

En Europe occidentale, l’histoire commune des Hommes et des forêts commence véritablement au Néolithique, il y a environ 8000 ans. C’est à cette époque que les communautés se sédentarisent, se mettent à l’agriculture, domestiquent des espèces animales et végétales, construisent en dur leurs bâtiments et créent des ateliers pour travailler le métal, le verre ou encore la céramique. Pour toutes ces activités, la forêt est indispensable en ce qu’elle procure les matériaux, le combustible ou bien encore la nourriture pour les familles ou le bétail.

La société repose alors sur un système agro-sylvo-pastoral dont il est important de comprendre le fonctionnement car il va jouer un grand rôle dans les conflits des siècles suivants. Les champs cultivés (« agro »), la forêt (« sylvo ») et les pâtures pour les troupeaux domestiques (« pastoral ») fonctionnaient en interactions intimes : par exemple, on emmenait les troupeaux paître dans les prés, mais aussi en forêt et dans les champs après la moisson ; les paysans récupéraient le fumier pour engraisser les cultures, fauchaient les fougères ou les herbes pour faire la litière des bêtes ; le bois des forêts servait de clôture pour les animaux, d’échalas pour les vignes, sans parler des autres usages mentionnés plus haut.

La subsistance des petites gens reposait sur ce système et en dépendait étroitement. Son bon fonctionnement était pour eux une question de survie. Si la machine était bien huilée et ses différents éléments bien équilibrés, alors la communauté qui en dépendait vivait dans la paix et la prospérité. À l’inverse, si quelque chose venait en gripper le fonctionnement, des ennuis pouvaient survenir…

Ce système de subsistance était soumis à un cadre juridique complexe. Après la chute de l’Empire romain d’Occident, les possesseurs et maîtres de la terre devinrent les seigneurs. Les communautés qui vivaient sur les terres du seigneur ne pouvaient y faire ce qu’elles voulaient et devaient respecter des règles. Celles-ci, appelées communément « droits d’usage », étaient un mélange des commandements du seigneur et de coutumes héritées de la période gallo-romaine, à une époque où la forêt était « res nullius », n’appartenant à personne. Quand l’Empire romain s’écroula, les communautés durent négocier avec les nouveaux maîtres le maintien de leurs coutumes et par la suite l’aménagement de leurs droits d’usage, lorsque l’évolution de la société le nécessitait.

Ces droits d’usage sont extrêmement variés d’un territoire à l’autre. De plus, il peut arriver que la terre change de maître et cela complique la situation. Par exemple, lors de l’expansion du christianisme, des territoires montagneux ont souvent été donnés par des seigneurs laïcs à des communautés religieuses afin que celles-ci y fondent leurs monastères. Les moines se mettaient alors à gérer les terres à leur façon, remettant en cause les coutumes des habitants. Les droits des uns et des autres, reposant sur la pratique et l’oralité, ont longtemps été flous et ce n’est qu’autour du XIIIe siècle qu’ils sont mis par écrit sur l’ensemble du territoire français. Les actes de donation d’un seigneur à une abbaye, eux, sont souvent plus anciens et s’opposent ainsi aux revendications des habitants qui, sans preuve écrite, ne peuvent qu’en appeler à une coutume « immémoriale », qui parfois d’ailleurs n’est pas si ancienne que cela.

Cette complexité de droits emboîtés, mal définis et de diverses origines était le terreau de tensions chroniques entre seigneurs et communautés, mais aussi entre plusieurs seigneurs ou entre plusieurs villages, contestant la nature des droits d’usage ou les territoires de leur application. Il suffisait alors que les ressources viennent à manquer pour que les violences apparaissent : un hiver long et froid qui augmente les besoins en bois de chauffage, une sécheresse, la guerre ou une épidémie ; ou à l’inverse une période faste qui entraîne une hausse de la population et des activités, mettant ainsi une pression plus grande sur les terres et les forêts.

Selon l’historien Fabrice Mouthon, qui s’est intéressé aux populations des Alpes au Moyen Âge, le conflit n’est pas seulement le symptôme d’un déséquilibre dans le système agro-sylvo-pastoral, c’est aussi un véritable outil pour construire la société. Il décrit un processus en deux étapes : la première est la violence, qui donne une existence tangible au conflit et revendique la rupture avec l’état antérieur ; la seconde est la conciliation, qui instaure un nouvel équilibre entre les parties.

La violence elle-même comprend plusieurs niveaux et augmente en intensité jusqu’à déclenchement de la conciliation. Dans les conflits forestiers, il y a très rarement mort d’homme ou blessures graves. On commence par des altercations, des empiétements sur le territoire contesté, son occupation en l’absence de l’adversaire. On poursuit par des destructions ou le déplacement des bornes marquant les limites du territoire. Ainsi, au début du XVIe siècle dans la montagne du Biolley, lorsqu’un bois est mis en défens avec interdiction de pacage, les bergers marquent leur désapprobation en abattant quelques arbres, qui incarnent le motif de la mise en défens, avant de faire entrer le troupeau sous les frondaisons. Les violences peuvent aller jusqu’à des opérations guerrières d’un camp contre l’autre, avec blessures ou séquestrations, mais c’est rare.

La violence peut être symbolique et non destructrice. Dans la même étude, l’historien cite un conflit entre deux abbayes au début du XIVe siècle, où les chartreux de Vallon accusent les cisterciens d’Aulps d’empiéter sur leur territoire. Pour matérialiser le conflit, le prieur de la chartreuse, en présence d’un notaire et sous les yeux de ses moines réunis, jette trois pierres en direction de l’abbaye d’Aulps, envahissant symboliquement le territoire contesté ; par cette action, la procédure de résolution est officiellement entamée.

Une fois le conflit révélé, la conciliation intervient à l’aide de médiateurs, choisis par les deux parties. Si aucune solution n’est trouvée, on s’adresse au seigneur qui rend un arbitrage. À partir du XIIIe siècle, avec la mise en place de la justice princière, le rôle du prince évolue : alors que dans les premiers temps, le seigneur intervenait dans le but trouver un compromis entre les parties adverses, il a pour rôle désormais de faire régner l’ordre sur son territoire. Un conflit devient alors une offense à son autorité, et l’arbitrage laisse la place aux jugements et aux peines, mais aussi aux enquêtes et aux recueils de témoignages.

Dans d’autres régions, les conflits peuvent être gérés autrement. Par exemple, dans les Pyrénées, les querelles sont arbitrées par des assemblées de représentants des communautés, qui veillent aussi au respect des règles et à la gestion de leurs espaces forestiers. En France, il faut attendre la centralisation de l’État et les ordonnances royales de l’Ancien Régime pour que l’on commence à traiter les conflits de la même façon partout.

Les conflits ont une autre conséquence sur la société : l’émergence d’une conscience communautaire. Lorsqu’une catégorie de droits est menacée, ceux qui en pâtissent directement en appellent à leurs voisins qui, eux, sont touchés indirectement. Les habitants se rendent compte que les différents membres d’un hameau, d’un village, ont besoin des autres pour vivre. Ainsi, des paysans défendront les droits des artisans, et réciproquement. La population faisant corps, les revendications ont plus de poids, et en retour, font prendre conscience aux habitants de leur pouvoir et de leur existence en tant que groupe, face au seigneur ou à d’autres communautés.

Donc, au sein de la société agro-sylvo-pastorale, les ressources forestières disputées sont la première cause des conflits. Dans cette « forêt d’empoigne », les différentes catégories d’une même société – seigneurs, communautés religieuses ou communes indépendantes – se font concurrence, parfois jusqu’à l’éclatement de violences. Tous n’ont pas le même usage des forêts : question de survie pour les uns, outil de travail pour d’autre, enfin patrimoine à préserver et à mettre au service de leurs desseins particuliers pour les seigneurs.

Notons que ce genre de conflits est étroitement associé à l’abondance, ou au contraire, à la pénurie des ressources forestières. Comme, au fil des siècles, le manque de bois se fait toujours plus grand, cette nervosité sociale est chronique et sans remède. On la retrouve d’ailleurs, mondialisée, dans notre société actuelle.

Cependant, revenons à l’époque médiévale et remarquons que ces conflits d’usages concernent des forêts de proximité utilisées sur le territoire même où elles poussent. Le conflit est avant tout local. Lorsque, le temps passant, des enjeux extérieurs au territoire entrent en piste, les conflits forestiers changent de visage.

La défense contre la menace extérieure

Gravure représentant des paysans brandissant leurs outils de travail et frappant des adversaires
La revanche des paysans par Callot, Jacques, 1592-1635 – Bibliothèque municipale de Lyon

Les ressources forestières ont toujours été disputées entre les possesseurs de la terre et les populations vivant dessus, mais on tâchait d’éviter les conflits ouverts : celui qui coupait du bois illégalement ou braconnait était soumis à une amende lorsqu’il était pris sur le fait, mais les gardes n’étaient pas assez nombreux pour empêcher tous les délits, et on passait souvent entre les mailles du filet. De plus, les entorses aux règles se faisaient discrètement, dans un but de subsistance ; les seigneurs accordaient alors souvent leur clémence face à quelque chose qu’ils ne pouvaient empêcher, tout en veillant à garder les abus dans des limites raisonnables.

Cependant, avec le développement des villes et des fabriques industrielles, il est arrivé un moment où la forêt n’a simplement plus pu suffire à tous. Au XVIIIe siècle, les propriétaires ont cherché à récupérer la maîtrise totale de leurs domaines et le bénéfice de leurs productions. La demande en bois augmentait, et donc les prix. Tirer le meilleur parti d’un domaine forestier signifiait souvent vendre le bois à l’extérieur du territoire, à destination des riches foyers d’activité. Les droits d’usage locaux, entraînant souvent des déprédations sur la matière précieuse et rapportant peu, devenaient une gêne.

Ces nouvelles orientations économiques, qui se sont heurtées aux habitudes des campagnes, ont provoqué des conflits forestiers parmi les plus retentissants de notre histoire.

Dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, sous l’influence d’idées nouvelles pour la gestion des espaces agricoles et sylvicoles, les propriétaires posent des clôtures sur de vastes surfaces utilisées quotidiennement par les populations. Ces « enclosures » sont très mal acceptées et suscitent de violentes résistances de la part des habitants. Armés, le visage noirci afin de ne pas être reconnus, ils revendiquent par la force leurs droits forestiers tels qu’ils les conçoivent et les exerçaient jusque-là. Le parlement, largement constitué de grands propriétaires terriens, répond en votant en 1723 un « Black Act » qui transforme le conflit en véritable guerre des forêts. Cette loi punit de mort toute personne portant sur elle des signes de braconnage ou de tout autre délit, comme un visage noirci (d’où le nom de « Black Act ») ou une arme de chasse, et hors de tout flagrant délit, ce qui est nouveau. La peine de mort n’était pas habituellement appliquée pour des délits forestiers, et les amendes ou emprisonnements punissaient seulement les coupables pris sur le fait. Désormais, une simple suspicion – avec tout ce que cela implique comme abus et erreurs – suffisait pour motiver la peine capitale.

En France, la révolte des Demoiselles montre un air de famille avec l’épisode anglais. Survenant dans la forêt de Chaux en 1765, elle réunit des hommes du pays qui s’arment, se déguisent pour ne pas être reconnus (ils portent parfois des robes, d’où le nom de révolte des « demoiselles »), enfin, selon l’historien François Vion-Delphin, « se permettent ce qu’on leur interdisait depuis des décennies et reprennent possession d’un espace dont on voulait réglementer l’accès ».

La révolte prend racine au siècle précédent, avec le rattachement de la Franche-Comté à la France en 1678 par le traité de Nimègue. En 1669, le royaume de France avait lancé sa grande ordonnance des forêts dont la mise en application progressive se faisait dans chaque province grâce à des commissions de Réformation. En Franche-Comté, la première Réformation de 1717 décide de faire de la forêt de Chaux, forêt royale, une futaie de cent ans, ce qui autorise de vastes surfaces de pacages sous les grands arbres, ainsi que beaucoup de ramassage de bois mort. Pour les 10 000 hectares que contiennent la forêt, répartis en vingt parcelles ou triages, il y a une quarantaine de gardes, autant dire peu de surveillance. En 1731, une nouvelle Réformation est mise en place : on décide l’abattage et la vente des anciennes futaies et leur remplacement par dix-sept triages de taillis et trois triages seulement de futaie. Les taillis donnent peu de bois mort et ils doivent être protégés de la dent du bétail. Ainsi, au fur et à mesure des abattages qui se déroulent sur des décennies, les habitants du pays voient se réduire de plus en plus la surface à laquelle ils ont accès et il leur est de plus en plus difficile de se procurer les matériaux nécessaires à leur subsistance. La population ne se rend pas tout de suite compte de ce que cela implique et le conflit n’éclate immédiatement. Cependant, la forêt de Chaux alimentait la ville de Dôle et une quarantaine de petites communautés villageoises, avec leurs ateliers artisanaux ; en même temps que la surface disponible aux habitants se réduit, le nombre de gardes augmente ; à cela s’ajoute une donnée économique : le bois était vendu par adjudication au plus offrant, or les grandes forges des territoires voisins emportaient les marchés à des prix inabordables pour les petits artisans locaux, qui étaient ainsi empêchés de travailler.

En réaction, depuis 1740 des riverains se regroupaient pour aller ensemble couper le bois dont ils avaient besoin et se protéger mutuellement contre les gardes. En février 1765, une étape supplémentaire est franchie : deux cent hommes de différents villages se cachent dans la forêt, l’occupent, barrent les chemins, et récoltent du bois pour faire fonctionner leurs ateliers. Les rencontres entre gardes et insurgés sont violentes : altercations, blessures, séquestrations, parfois la mort. Le mois suivant, le parlement de Besançon prend un arrêté menaçant de mort tout participant à cette révolte et interdit l’achat et le recel du bois issu des abattages illégaux. La surveillance est renforcée. Cette mesure n’aboutit à rien. Un an plus tard, en août 1766, le Parlement accorde à vingt-sept villages un quota de bois à bas prix et garantit une livraison annuelle. Mais les quantités allouées ne sont pas suffisantes et le règlement répressif est maintenu, donc le conflit couve toujours. Finalement les troubles perdurent jusqu’à la Révolution française, et même au-delà du changement de régime.

Il est significatif de remarquer que dans cette opposition entre l’administration royale et la population, les édiles locaux prennent généralement le parti des habitants : garants du maintien de l’ordre et relai de l’autorité royale, ils brouillent pourtant les pistes des gardes ou cachent des révoltés recherchés. En 1842 encore, des délits forestiers sont commis avec l’aval des maires et ces derniers se montrent insolents envers les inspecteurs des forêts, représentants de l’État. Les historiens remarquent que de nombreuses tensions attachées à la forêt ne cessent qu’avec la disparition des communautés rurales concernées…

Ce conflit et ses semblables dans toute l’Europe sont les témoins d’une double disparition : celle du système agro-sylvo-pastoral au profit d’une logique mercantiliste et industrielle, et celle de l’autonomie des communautés locales remplacée par une organisation venue d’en haut.

En France, la volonté du roi puis de la République de centraliser les décisions et d’uniformiser les modes de gestion forestière soulève donc de fortes résistances, et celles-ci sont encore plus vives lorsque les ordres mettent en péril la ressource même par méconnaissance du terrain. On voit alors toutes les strates de la société locale, qui autrefois se faisaient concurrence, s’unir contre des directives absurdes.

Dans les Vosges par exemple, le modèle traditionnel de gestion forestière est celui du « jardinage » : dans une parcelle forestière de hêtraie ou de sapinière, on n’abat que quelques arbres répondant aux besoins immédiats, tout en laissant les autres poursuivre leur croissance. C’est un mode de gestion adapté aux conditions montagneuses qui sont bien différentes de celles des plaines. Or, l’ordonnance royale des forêts de 1669, déjà évoquée, imposaient les coupes à blanc par secteur, avec conservation de quelques arbres semenciers. L’officier réformateur, envoyé sur place en 1687 pour mettre en application l’ordonnance, ayant compris les conditions locales, préconise judicieusement une exploitation par pied d’arbre, mais ses conseils ne sont pas suivis et l’ordonnance s’applique strictement.

Les effets sont désastreux, notamment sur les sapinières. Les parcelles coupées à blanc font un couloir où s’engouffre le vent, déracinant les sapins par milliers. Les inspecteurs, remarquant que les sapins ne rejettent pas de souche – ils ne le font jamais – accusent les paysans locaux de faire pâturer leurs troupeaux dans les parcelles. Voyant que les gros bois se raréfient, ils supposent que les coupes ont été mal calibrées et que les dégâts sont causés par des paysans pratiquant le jardinage malgré l’interdiction. Les pentes boisées se transforment en paysage de désolation, ce qui provoque un choc parmi toutes les couches de la société.

Les requêtes se succèdent au cours du XVIIIe siècle, présentées par des communautés entières ou des abbés, hommes du peuple ou hommes de science. Les mémoires rédigés sont argumentés, on explique que le sapin a besoin d’ombre pour germer, qu’il est sensible au vent… rien n’y fait. Le mouvement de contestation devient durable. On retrouve ces plaintes jusque dans les cahiers de doléances de 1789.

Ailleurs, la lutte prend des accents de nationalisme. À la fin du XVIIIe siècle, la Pologne avait été partagée entre l’Allemagne, la Russie et l’Autriche. À partir des années 1860, l’Allemagne, afin d’alléger la pression sur ses propres forêts, achète aux aristocrates polonais ruinés de larges surfaces et s’approprie notamment la forêt de Zakopane dans les montagnes des Tatras, une région aux paysages particulièrement majestueux, admirés dès le siècle précédent par les naturalistes, les géologues et les voyageurs. Les forêts sont rasées, le bois vendu, et sur les terrains dénudés, l’érosion fait disparaître les sols. Il ne s’agit pas, cette fois-ci, d’incompétence ou de méconnaissance du terrain, car la gestion sylvicole de montagne était connue et pratiquée en Europe, y compris en Pologne. Ici, l’unique but est le profit immédiat. Pour la première fois, la société civile toute entière se mobilise. Les défenseurs des forêts utilisent la presse à grand tirage, toute nouvelle à l’époque.

Un député s’y exprime en 1886 :

« Là où les scolytes, que l’on appelle Borkenkäfer en allemand, avaient du mal à se rendre, les spéculateurs prussiens y sont arrivés, et ils ont été les plus nuisibles, les plus délétères, en cela je les baptise Borkenkäfer des forêts de Zakopane, ceux qui déboisèrent et détruisirent sans la moindre planification économique. »

Plusieurs tentatives d’insurrection échouent. Les bourgeois des villes s’émeuvent de ces montagnes majestueuses défigurées. Finalement, le conflit prend fin avec le rachat de nombreuses parcelles par des patriotes polonais qui les reboisent et les protègent. Les forêts d’Ojcòw et de Zakopane deviennent parcs nationaux au XXesiècle.

Notons qu’à la différence des époques précédentes, il n’est plus nécessaire de vivre auprès de la forêt pour se sentir concerné par son devenir. La lutte dépasse désormais la question des ressources forestières et des usages locaux, pour aborder celle des idées et de la politique.

En Pologne, comme pour les villages des Alpes évoqués plus haut, les conflits forestiers font surgir une conscience communautaire, mais cette fois, à l’échelle d’une nation : la forêt, en tant que paysage, incarne le visage d’un peuple, et la préserver signifie aussi affirmer l’existence même d’une nation, avec sa culture, son histoire et son lien avec son territoire. Cela va même plus loin, car la forêt d’Ojcòw est déclarée en 1901 « forêt de protection », sa présence empêchant l’inondation par les torrents au printemps : en effet, depuis quelques décennies, l’argument écologique est entré en scène.

La confrontation de différentes visions de la nature

La société agro-sylvo-pastorale finit par disparaître devant le modèle commercial et industriel, mais une fois cette transition actée, les conflits autour de la forêt n’en disparaissent pas pour autant. En revanche, ils s’enrichissent de nouveaux enjeux, plus immatériels, concernant la vision même de la nature.

Un arbre dans la forêt de Fontainebleau. Arbre solitaire de Théodore Rousseau – © Victoria and Albert Museum Londres Dist. RMN-Grand Palais – image Victoria and Albert Museum

En France, dans les années 1830, les peintres de l’école de Barbizon emmenés par Théodore Rousseau fondent la Société des amis de la forêt de Fontainebleau. Ils s’élèvent contre les projets de plantations de résineux dans l’ancienne forêt aux paysages pittoresques – un mot qui signifie littéralement « digne d’être peint ». Arrachant de nuit les jeunes pins plantés à la place des chênes abattus, incitant les habitants à faire de même en leur offrant de la nourriture dans une opération « un pain pour un pin », ils finissent par obtenir, en 1861, que soit créée dans une partie de la forêt une « réserve artistique », qui est la première réserve naturelle au monde. Poursuivant la mobilisation, des personnalités de l’époque s’investissent, comme Victor Hugo ou George Sand, qui fait appel, dans une tribune du journal Le Temps en 1872, à des arguments artistiques, mais aussi sociaux et même écologiques :

« Les forêts séculaires sont un élément essentiel de notre équilibre physique, […] elles conservent dans leurs sanctuaires des principes de vie qu’on ne neutralise pas impunément, […] tous les habitants de la France sont directement intéressés à ne pas laisser dépouiller la France de ses vastes ombrages, réservoirs d’humidité nécessaire à l’air qu’ils respirent et au sol qu’ils exploitent. »

Au XXe siècle, l’argument de protection de la nature devient toujours plus présent dans les conflits forestiers. L’exode rural vide progressivement les campagnes et l’usage des forêts se modifie, tandis que d’anciennes parcelles agricoles se recouvrent d’arbres poussés spontanément. Les conflits sont alors envahis de contradictions.

Prenons par exemple les peupleraies des basses vallées angevines, étudiées par la géographe Amélie Robert. Jusque dans les années 1960, la région est occupée par l’élevage, mais cette activité décroît avec la déprise agricole. Dans les pâturages humides, une grande variété d’oiseaux d’eau profitaient des espaces dégagés pour vivre et se nourrir, mais avec la disparition du bétail, les prairies se sont rapidement embroussaillées, première étape du retour de la forêt. À la fin des années 1960, la populiculture – la culture des peupliers – se développe. Adaptées aux terrains humides, ces plantations ont l’avantage d’occuper les espaces délaissés par l’élevage et d’être d’un bon rapport économique. Le conflit naît au début des années 1980 quand la Ligue de Protection des Oiseaux observe la régression des oiseaux d’eau et en accuse l’abandon des pratiques agricoles traditionnelles. L’association est rejointe par les chasseurs, dont la pratique de chasse à la hutte est gênée par les peupleraies. La question qui se pose alors est la suivante : quelle est la nature à protéger ? Et comment obliger des agriculteurs à développer une activité qui ne leur convient plus pour protéger des espèces animales ? Est-ce leur rôle ? En l’absence de peupleraies, la forêt reprendrait ses droits, puisque les troupeaux n’entretiendraient plus la prairie. Finalement, le conflit aboutit en 1998 à une cartographie réglementaire montrant les zones où les plantations sont interdites, réglementées ou autorisées. Celle-ci s’étant faite en l’absence de compromis avec les populiculteurs, des tensions locales apparaissent. Ailleurs, en Touraine, les peupleraies sont accusées de prendre la place de prairies dites « naturelles », mais qui n’existent que grâce à l’élevage. Le déclin de ce dernier oblige à subventionner l’activité afin que le paysage ne se referme pas.

L’étang de Théodore Rousseau – © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) – Gérard Blot

Avec l’exode rural et la croissance de la population citadine, un nouvel usage apparaît : à partir de la seconde moitié du XXe siècle, la forêt incarne la nature pour des citadins qui veulent en profiter et souhaitent la protéger contre ce qu’ils considèrent comme des menaces, que ce soit l’exploitation du bois ou la chasse. L’argument de protection de la nature est souvent évoqué, mais finalement, selon l’historienne Andrée Corvol, il ne s’agit pas vraiment de cela. Elle remarque au début des années 1990 :

« Soyons honnêtes. Lorsque nous revendiquons la qualité de l’environnement, qu’avons-nous en tête ? Sinon la satisfaction de NOS besoins : le silence des alentours, la pureté de l’air, l’authenticité du lieu, la liberté des déplacements. […] Il en est d’hier comme d’à présent : il s’agissait d’accéder aux subsistances, il s’agit de préserver un cadre […]. La violence pour empêcher la disparition de l’un et de l’autre n’est pas inspirée par des considérations générales mais par la défense d’un certain vécu, d’une certaine mémoire, d’un certain imaginaire aussi. Les discours font revenir le naturel au galop alors qu’en vérité c’est toujours l’Homme et ses demandes, l’Homme et ses attitudes, qui est en cause. »

Cet « imaginaire » évoqué par l’historienne semble être un acteur important de nos conflits forestiers du XXIe siècle. On se bat pour la forêt mais aussi et peut-être surtout pour ce qu’elle représente : une certaine idée de la nature et des relations que les Hommes doivent entretenir avec elle. Le conflit naît de l’affrontement entre plusieurs visions opposées et incompatibles.

Prenons l’exemple de la chasse à courre, ou vénerie, étudiée par l’anthropologue Charles Stépanoff. Il a suivi des militants anti-chasse, des veneurs et leurs « suiveurs » pendant neuf mois à partir d’août 2018. Selon l’auteur, si l’on s’en tient à des données objectives, la chasse à courre, qui consiste à poursuivre un animal précis et à le tuer à l’arme blanche, tue beaucoup moins de gibier que la chasse à tir : en un dimanche, cette dernière tue autant que toute une saison de chasse à courre. Pourtant les militants combattent la chasse à courre et non la chasse à tir, et des chasseurs à tir ont même intégré leur groupe. En plus de la mise à mort d’un animal, on reproche aux chasseurs de s’accaparer toute la forêt lors de courses poursuites longues et bruyantes, et on critique le côté « aristocratique » du loisir. Alors, s’agit-il ici de défense des animaux, et si oui, selon quelle logique ? Voyons comment s’exprime le conflit.

La chasse à courre est pratiquée par des chasseurs à cheval ou à pied, accompagnés de chiens. Les « suiveurs » sont des personnes qui viennent observer la chasse sans y prendre part. Ils suivent à pied ou à vélo, et viennent généralement des communes proches. Ils connaissent bien la forêt et prennent plaisir à deviner comment la chasse va se passer, si l’animal parviendra à fuir ou non, et par où il a des chances de passer. Si les chasseurs doivent avoir les moyens de payer une adhésion chère et d’entretenir un équipage, les suiveurs sont souvent des gens modestes. Les opposants, eux, toujours selon l’auteur, se présentent comme des « habitants » luttant contre une « caste aristocratique ». Ils appartiennent pour la plupart à la classe moyenne diplômée, ne sont pas toujours du coin ou alors depuis peu et s’équipent de GPS car ils connaissent peu la forêt.

Dans le rituel de la journée de chasse, les chasseurs et les suiveurs se saluent individuellement, puis, si l’animal est pris, on en vient à « servir le cerf » puis à la « curée ». La vénerie est une survivance du Moyen Âge et porte une symbolique ambiguë : protection de l’espèce en tuant quelques individus, admiration de l’animal mais combat, identification à des valeurs de courage, persévérance et intelligence attribuées à l’animal, mais destruction de celui-ci.

Les militants anti-chasse se présentent comme les représentants de la civilisation face à des « hordes barbares ». Ils filment les suiveurs à vélo, suscitant parfois l’arrachage du téléphone qui peut dégénérer en empoignade. Les vidéos de violences sont partagées sur les réseaux sociaux afin de faire naître l’empathie chez les spectateurs face à la peur et à la souffrance de l’animal. Lorsqu’ils parviennent à s’interposer entre une proie et les chasseurs, les militants décident parfois de caresser l’animal afin que leur « énergie bienveillante » apaise celui-ci. D’après les statistiques cependant, un cerf sauvage a plus de chances de survivre à une chasse à courre qu’à une opération de sauvetage, le stress aigu de la proximité avec l’humain pouvant causer des défaillances cardiaques.

On peut remarquer combien les arguments évoqués d’un côté comme de l’autre diffèrent des plaidoyers pour la forêt vus plus haut, qui étaient basés sur les connaissances scientifiques de l’époque. D’une part, un rituel venu du passé qui a du mal à se faire comprendre et accepter par le grand public, de l’autre, des idées inspirées du mouvement New Age – d’où vient par exemple la théorie de la « circulation des énergies » – qui ne font pas très bon ménage avec la science. Il s’agit, véritablement, de deux visions totalement différentes de la nature, de sa protection et du rôle des Hommes. Selon les mots de Charles Stépanoff,

« Face aux mêmes animaux et devant les mêmes scènes, animalistes et veneurs ne voient pas les mêmes choses. Là où veneurs décrivent des chiens gais, des chevaux passionnés de chasse, un cerf orgueilleux déployant mille ruses, les militants perçoivent des chiens craintifs, contraints à obéir, des chevaux brutalisés et un cerf affolé luttant pour sa vie. »

La multifonctionnalité et ses limites

Promeneurs dans la forêt de Sénart de Denis Maurice – © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) – Tony Querrec

Comment réconcilier des visions si opposées ? Dans les statuts de l’ONF figure l’objectif de faire vivre ensemble plusieurs usages en forêt : la production, la fréquentation des différents publics, et la protection de la nature. On appelle cela la « multifonctionnalité » des forêts. Malgré la vertu de ce principe, l’équilibre semble difficile à obtenir en pratique.

Lors d’une table ronde sur le thème de la « naturalité des forêts », animée par la sociologue et urbaniste Florence Rudolf et réunissant un membre de l’ONF, un conseiller scientifique d’un Parc naturel régional et un écrivain-photographe, les difficultés se révèlent très concrètement. Dans son compte rendu, la sociologue rapporte : « Les différents protagonistes ne sont pas parvenus à dégager une prise susceptible de faciliter leur débat. […] Il semblerait même qu’ils se soient quittés renforcés dans leurs certitudes, assurés de leur incompatibilité, voire davantage en colère les uns contre les autres qu’ils ne l’étaient au début de la discussion. Le débat, en bref, n’aura pas servi à l’édification d’un commun ! »

Il s’agit en fin de compte, toujours, d’une histoire de regard, de vision, d’imaginaire. Chaque remise en question d’un modèle de société contient en germe son conflit, et il semblerait que notre époque de grandes inquiétudes écologiques soit dans ce cas, avec les discussions plus qu’animées qui vont avec. Dans le passé, la faim de bois causée par l’augmentation de la population et le développement des activités industrielles et des villes a inspiré de nouvelles idées de gestion forestière. Ces dernières ont été mises en pratique par les puissants – gouvernants, riches propriétaires – dont les choix n’ont pas toujours été ni judicieux, ni égalitaires et ont pu causer des réactions violentes de la population. Cependant, à moins d’empêcher d’une façon ou d’une autre la croissance démographique, les conflits seraient nés de toute façon de la pénurie de ressources. Notre modèle de société, basée sur une marche perpétuelle vers l’avant, veut cela.

Néanmoins, les conflits du passé nous donnent des éclairages intéressants : à chaque fois que la survie a été en jeu, les tensions se sont transformées en conflit ouvert ; à chaque fois que les conditions particulières d’un territoire, qu’elles soient écologiques ou sociales, ont été négligées ou méprisées par l’autorité supérieure, des confrontations ont eu lieu ; à chaque fois que des visions et des usages incompatibles se sont disputé un même territoire, la violence a éclaté. On peut même ajouter, car notre époque semble en montrer des exemples, qu’à chaque fois que des vieux arbres ont été détruits, l’émotion populaire s’est éveillée ; certains conflits forestiers d’hier et d’aujourd’hui semblent être, plus spécifiquement, des conflits de l’arbre. Malgré la longue histoire qui nous sépare des anciens cultes païens, nous semblons en effet, collectivement, toujours attachés aux arbres, qu’ils fassent partie ou non d’une forêt.

Aujourd’hui, notre époque cumule les conflits d’usages, de mauvaise gestion d’un territoire et de conception du monde. Le rôle du conflit est resté le même : forcer la négociation afin de remplacer une situation jugée intolérable par une autre qui permette de vivre en paix. Cela passe par l’instauration d’un rapport de force qui prend souvent la forme d’une mobilisation d’une partie de la population. Il n’est pas nécessaire de recourir à la violence physique pour cela, le but étant la reconnaissance publique du conflit afin d’entamer le processus de discussion. La violence physique – affrontements, destructions -, peut venir après l’échec de premières manifestations pacifiques, ou bien dans le but de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre dans le rapport de force évoqué plus haut.

La multifonctionnalité est une clé pour éviter les conflits, mais elle a ses limites. Dans le cadre d’une forêt en libre évolution, il est illusoire de vouloir réconcilier les contraires. Certaines pratiques, comme l’exploitation du bois ou la chasse sont incompatibles avec l’objectif du projet porté par notre association. Mais voyons le positif : cette incompatibilité pourrait être un outil d’apaisement de certains conflits existants et permettre de nouveaux usages forestiers qui n’ont pas voix au chapitre aujourd’hui. Sans tirs d’armes à feu abattages d’arbres, alors nous pourrons profiter d’une forêt enfin « silencieuse » mais habitée de tous les sons de la nature, les chercheurs pourront étudier un écosystème évoluant en autonomie, connaissances cruciales dans le contexte actuel de bouleversements écologiques, et enfin, tous, nous pourront de nouveau nous émerveiller devant des beautés naturelles non corsetées par l’Homme.

Felice OLIVESI, juin 2023

Références :

Mouthon Fabrice, « Le règlement des conflits d’alpage dans les Alpes occidentales (XIIIe-XVIe siècle) ». In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, 31e congrès, Angers, 2000. Le règlement des conflits au Moyen Âge. pp. 259-279

Edward P. Thompson, La guerre des forêts. Luttes sociales dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, Paris, La Découverte, coll. « Futurs antérieurs », 2014, Traduit de l’anglais par Christophe Jaquet ; présenté par Philippe Minard

Emmanuel Garnier, Terre de conquêtes. La forêt vosgienne sous l’Ancien Régime, Fayard, 2004.

Révolte des Demoiselles et citation d’Andrée Corvol :

Cahier d’Etudes Forêt, Environnement et Société. Violences et Environnement, XVIe-XXe siècle, CNRS, 1991

Pologne, peupleraies, distinction controverse/conflit, table-ronde « naturalité des forêts » :

Cahier du Groupe d’Histoire des Forêts Françaises. Forêt, Environnement et Société, n° 31, janvier 2021

Texte de George Sand en défense de la forêt de Fontainebleau :

En ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5724436g/f321.item

Chasse à courre :

Charles Stépanoff, « La forêt est en guerre », Terrain [En ligne], Terrains, mis en ligne le 18 février 2020, consulté le 14 avril 2023. URL : http://journals.openedition.org/terrain/19516

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