Mémoire des forêts – épisode 3 : Aux sources de notre imaginaire

Cet article est disponible en version audio, lue par l’autrice, Felice Olivesi. Utilisez le lecteur ci-dessus pour l’écouter.

Lorsque l’on parle de forêt, émergent souvent les questions du regard et de la définition ; l’industriel forestier ne la voit pas de la même façon qu’un écologue, et le point de vue du chasseur diffère de celui du promeneur. Personne ne semble d’accord sur ce qu’est une forêt et sur les rapports que notre société doit entretenir avec elle, et les médias occidentaux se font fréquemment l’écho des débats en cours. Or, si l’on regarde du côté des cultures des peuples premiers, on n’observe pas ces oppositions ; chacun a sa place au cœur d’un lieu de vie commun, dans un rapport harmonieux avec l’environnement.

Alors, que se passe-t-il chez nous ? Pourquoi des tensions continuelles ont-elles émaillé notre histoire et semblent se faire encore plus vives aujourd’hui ?

La réponse se situe dans un domaine bien plus concret que son nom le laisse croire : l’imaginaire.

La forêt comme construction mentale

L’imaginaire regroupe toutes les représentations mentales qui ont façonné et façonnent encore notre regard sur la forêt. En Europe occidentale, nous sommes héritiers d’un imaginaire vieux de plusieurs millénaires, qui a traversé les âges sous forme de nombreux mythes, légendes, contes et autres récits profanes ou religieux.

Or, l’imaginaire ne se réduit pas à ce qu’il se passe « dans nos têtes », loin de là. Il est la pièce centrale d’un mécanisme en trois étapes : d’abord la réalité physique inspire un corpus d’émotions et d’expériences concrètes ; elles sont traduites dans l’imaginaire qui leur donne une cohérence et un sens ; enfin ces représentations servent de base à nos actions. L’imaginaire s’éloigne plus ou moins de la réalité physique, et pourtant il est au moins aussi puissant qu’elle. Ainsi, à l’échelle d’une société, les traces laissées par les récits et les mythes marquent parfois davantage la mémoire collective que les événements auxquels ils se rapportent, en particulier dans les temps anciens. L’histoire et la science peuvent en témoigner, comme on le verra plus loin.

Cet imaginaire collectif a fondé l’organisation de nos sociétés occidentales et en a imprégné profondément tous les domaines – économie, religion, politique, traditions, art – sous forme d’institutions, de lois, de coutumes, de rituels, de normes de bienséance etc. Ainsi, s’influençant réciproquement, les forêts, l’imaginaire des forêts et les sociétés qui y sont liées ont évolué ensemble depuis le début de notre histoire commune.

Où en est-on aujourd’hui ? Notre civilisation occidentale est bousculée par la crise des écosystèmes et les répercussions de celle-ci sur nos conditions de vie. Comme la nature et comme notre société, notre imaginaire est en crise, plusieurs récits se confrontent et l’on perd parfois la réalité des yeux.

Pour s’y retrouver, il nous faut revenir au départ et interroger l’histoire de notre imaginaire des forêts. C’est ce voyage que nous entreprenons ici.

Nature sauvage contre civilisation ?

Le mythe naît lorsque manquent les mots pour expliquer les phénomènes qui nous entourent.

D’après Robert Harrison, auteur de Forêts, Essai sur l’imaginaire occidental 1, la forêt joue un rôle symbolique fondamental pour les Mésopotamiens, les Grecs et les Romains qui sont à l’origine de notre civilisation occidentale. Selon l’auteur, l’idée de la civilisation est rattachée aux villes ; à l’inverse, la nature sauvage, qui échappe au contrôle des hommes et dont le symbole le plus représentatif est la forêt, est vue comme l’antithèse de la civilisation, celle dont il faut se distinguer. La naissance et l’affirmation de la civilisation se seraient donc faites en opposition à la forêt.

L’histoire de Gilgamesh illustre bien cette idée. Gilgamesh est le roi d’Uruk, en Mésopotamie. Il a vécu autour de 2700 avant J.C. et est devenu un héros légendaire grâce aux récits composés plusieurs siècles après sa mort –  L’épopée de Gilgamesh  – qui représente le plus ancien ouvrage de littérature connu. Dans le récit, angoissé par l’idée de disparaître dans l’oubli après sa mort, Gilgamesh cherche à assurer l’immortalité de son nom en se couvrant de gloire par des hauts faits. Son exploit le plus grand est un long voyage vers la montagne des Cèdres pour y tuer le gardien de la forêt, le démon Humbaba. Que tirer de ce récit ?

D’une part, Gilgamesh cherche à transformer brusquement l’imaginaire de son temps. La décapitation d’Humbaba est un acte violent, injustifié, réprouvé par les dieux qui en punissent d’ailleurs l’auteur. Mais Gilgamesh décide de voir Humbaba comme son ennemi, et par cela, justifie son crime. Le récit sert à asseoir métaphoriquement la supériorité du « bâtisseur des murs d’Uruk » – tel qu’il est appelé dans l’épopée – sur l’esprit de la forêt, et instaure un rapport nouveau de rivalité entre sa civilisation maîtrisée et la nature sauvage.

D’autre part, pourquoi le fait de tuer un démon forestier si loin d’Uruk et qui ne le menace en rien serait un titre de gloire ? Dans la réalité historique, pour bâtir leurs cités, les Sumériens durent aller chercher leur bois d’œuvre dans des contrées toujours plus lointaines, d’abord vers l’est, puis, après épuisement des ressources, vers les montagnes du nord. Celles-ci étaient peu accessibles et défendues par de farouches tribus locales. Certains Sumériens ont ainsi acquis une véritable renommée en dirigeant de telles expéditions d’approvisionnement en bois, comme en témoignent les tablettes, support de l’écrit, retrouvées par l’archéologie.

Pour nos yeux du XXIe siècle, l’épopée de Gilgamesh crée tout à coup une vision du monde où la déforestation de régions entières devient acceptable. Au-delà de l’œuvre littéraire, elle a aussi et surtout le mérite de rendre compte simplement d’un phénomène réel bien plus ancien, plus complexe et plus diffus, et qui a bouleversé notre rapport à la nature : la révolution néolithique.

Le Néolithique, un nouveau rapport à la nature

Comme nous l’avons vu dans l’épisode « Sur la piste de nos forêts primaires », lorsque la forêt est remontée vers le nord à la suite de la dernière glaciation, vers 10 000 ans avant notre ère, des peuplades étaient déjà installées en Europe occidentale depuis longtemps, vivant en nomades, suivant les grands troupeaux d’herbivores dans leurs migrations saisonnières et rencontrant d’autres groupes humains. Même s’il est difficile de savoir précisément comment ils se représentaient le monde, les traces de cette époque semblent montrer une reconnaissance des forces de la nature en tant qu’esprit vital traversant les êtres animés ou inanimés, et les soumettant à sa loi, au rythme des saisons et aux phénomènes météorologiques ; une nature puissante qui donne aux hommes – nourriture, abri, naissances – et qui prend – disettes, catastrophes naturelles, mort.

Avec les forêts, arrivent un nouvel écosystème et pour les hommes un changement de vie. Arrivent aussi de nouvelles idées venues d’Orient, telle que l’agriculture et son corollaire, la sédentarisation, et de nouvelles espèces comme les arbres fruitiers et les céréales cultivées, les chèvres et les moutons. L’étude des charbons et des pollens trouvés dans le sol nous révèle ainsi une destruction de forêt de chênes caducs en Languedoc et Provence 7000 ans avant notre ère, ou encore que la domestication du figuier, de la vigne et de l’olivier est intervenue entre le IVe et le IIIe millénaire avant notre ère, à partir d’espèces sauvages méditerranéennes.

Une nouvelle représentation du cosmos accompagne cette révolution, sans pourtant effacer totalement la précédente. Pour la première fois, l’Homme dicte ses règles à la nature, créant sa propre nourriture par l’agriculture et l’élevage, s’installant durablement dans des sites qu’il transforme en profondeur.

Selon les spécialistes, cela aurait pu faire naître un sentiment de culpabilité, comme un affront fait à la divinité sauvage, et on en trouverait la trace dans les plus anciens récits connus : Gilgamesh, comme nous l’avons vu, puni pour son sacrilège, mais aussi la Genèse ou le mythe grec de Prométhée. Dans la Genèse, dont les textes sont réunis autour de 900 ans avant notre ère, Adam et Eve, punis pour avoir voulu goûter au fruit de la connaissance, sont chassés du jardin d’Eden où la nature pourvoyait à tous leurs besoins et doivent désormais vivre dans l’effort et la souffrance. Quant à Prométhée, dont le destin tragique est raconté pour la première fois au VIIe siècle avant notre ère, il vola le feu divin pour en faire don aux hommes, leur permettant ainsi de s’affranchir de leur existence primitive. En représailles des dieux de l’Olympe, Prométhée fut attaché à un rocher et chaque jour, se fait dévorer le foie par un aigle, foie qui repousse chaque nuit pour une punition éternellement recommencée.

C’est donc peut-être au Néolithique que les hommes ont commencé à être déchirés entre deux visions contraires. Cette époque voit à la fois la naissance de cultes rendus à des divinités des récoltes et de l’abondance, et la persistance de cultes et croyances liés à la nature sauvage, tel le frêne Yggdrasil dans la mythologie germanique, lien entre terre et ciel, profane et divin, présent et futur, ou encore les innombrables personnifications d’esprits des forêts comme les dryades grecques, ou les elfes et géants germaniques.

Romains contre barbares, deux visions de la forêt se rencontrent

On en vient à une nouvelle étape dans la construction de notre imaginaire des forêts, et c’est la rencontre entre la civilisation gréco-romaine et les peuples que ceux-ci appelaient « barbares ». Des rives de la Méditerranée à la Germanie, tous avaient, en pratique, le même double rapport avec la forêt, qui était à la fois utilisée pour ses ressources variées et perçue comme un espace sauvage, lieu du divin primitif. Cependant, les Grecs ou les Romains ne la voyaient pas de la même façon que les Celtes ou les Germains.

Pour les Romains, à la suite des Grecs, la forêt est le lieu du sauvage – silvaticus en latin, qui signifie « de la forêt » – et s’oppose au civilisé incarné par la cité et les domaines cultivés. Cela se traduit dans le droit, qui s’arrête aux limites de la silva, mais aussi dans les valeurs. Martine Chalvet, dans Une histoire de la forêt, exprime la vision romaine ainsi : « [..] deux systèmes antagonistes s’étaient forgés : la civilisation s’opposant à la barbarie, le cultivé à l’inculte, le vin au lait, le pain à la viande, l’huile au beurre et l’homme à la silva. » 2

Pour les Celtes ou les Germains, en revanche, ce qui venait de la forêt était valorisé et les peuples avaient construit une société fondée sur le bois, développant une habileté technique sans pareille avec ce matériau, sans parler de leurs autres talents, avec les métaux par exemple.

Avec la conquête romaine de l’Europe de l’Ouest, ces deux cultures se sont rencontrées.

Et maintenant, pour bien comprendre comment s’est construit notre imaginaire occidental, il faut se souvenir que nos sources écrites sur cette époque proviennent des Romains. Leurs textes caricaturent largement les peuples conquis, déformant leurs coutumes au prisme de leurs préjugés, passant à côté de nombreuses richesses de leur culture et présentant l’imposition du modèle romain comme un progrès, à l’instar de tout impérialisme. Et nous avons hérité de cette vision des choses. En France, par exemple, a persisté fort longtemps l’image d’une « Gaule chevelue », couverte de forêts et défrichée seulement grâce à l’arrivée des Romains ; cette conception a traversé tout le Moyen-Âge, l’époque moderne et a persisté jusqu’aux années 1980 où les avancées de l’archéologie ont permis de déceler, sous les villae gallo-romaines (domaines agricoles), les traces des installations gauloises préexistantes.

Tout cela n’est qu’une opposition idéologique passée dans l’imaginaire. Dans la réalité, les Romains utilisaient bien entendu le bois, mangeaient aussi des produits de la chasse, et les Celtes pratiquaient les défrichages, l’agriculture et l’élevage. Aujourd’hui, l’archéologie et les sciences associées, confrontant les sources historiques, affinent et rectifient la vision apportée par les textes anciens.

Christianisme, l’évangélisation des forêts

La même ambivalence des représentations mentales de la forêt se retrouve lorsque le christianisme s’installe en Europe de l’Ouest à partir du IVe siècle de notre ère, imposant son propre imaginaire.

D’un côté, la forêt incarne le territoire du paganisme, et le christianisme y combat les symboles de cultes anciens, les détruit ou prend leur place, faits qui transparaissent dans les récits hagiographiques (la vie légendée des saints). Anne Wagner et Monique Goulet, dans La forêt au Moyen-Âge3, en donnent des exemples nombreux, comme celui de saint Benoît qui, au VIe siècle, fait raser l’ancien temple d’Apollon et les bois sacrés qui l’entouraient, peuplés de « démons », afin d’y fonder à la place le monastère du Mont Cassin, ou encore celui de l’évangélisateur saint Boniface, qui au VIIIe siècle en Thuringe, abat le chêne de Geismar consacré au dieu germanique Thor, et utilise son bois pour bâtir un lieu de culte. Les ermitages, les monastères, défrichent la forêt pour civiliser, par l’évangélisation, le sauvage.

D’un autre côté, la forêt, en tant que lieu sauvage, est aussi vue comme la garante d’un lien plus pur à Dieu, car c’est un « désert », c’est-à-dire un lieu éloigné des turpitudes de la vie temporelle, et non une étendue de sable comme on l’entend généralement aujourd’hui. Les saints ermites peuvent s’y adonner à la contemplation et y entendre plus clairement le message divin. C’est l’endroit d’une nouvelle spiritualité, où la protection divine s’étend sur toutes les créatures. Les animaux sauvages désignent parfois l’emplacement où doit être bâti un monastère, comme l’oiseau qui conduisit saint Lunaire dans la forêt bretonne, ou deviennent les compagnons des saints, comme l’ours de l’ermite Florent, qui se couche aux pieds du saint et devient le berger de ses quatre brebis. Parfois également, les brigands y trouvent la rédemption, grâce à la rencontre d’un ermite convaincant, comme saint Evroul, en Normandie, qui convertit de nombreux brigands à une vie honnête et dont certains devinrent les premiers moines de son monastère (Saint-Evroult-Notre-Dame du Bois, dans l’Orne).

Avec le christianisme, l’imaginaire officiel achève de rompre le lien direct entre l’Homme et la nature sauvage. Ce ne sont plus les forces de la nature qui sont vénérées ou craintes, mais Dieu, figure paternelle et bien définie, civilisée. Selon l’imaginaire chrétien, la forêt et ses créatures sont soumises à Dieu, comme l’ensemble de la création, et au sommet de cette dernière se trouve l’Homme.

Au Moyen-Âge, ce coup de grâce au lien primordial Homme-Nature s’exprime encore de façon très poétique, faisant la part belle au merveilleux et au magique.

Mais peu à peu, même cette magie se raréfie, avec d’abord l’arrivée des idées humanistes qui placent l’Homme au centre de la compréhension du monde, puis avec l’avènement de la Raison à partir du XVIIe siècle, qui combat les vestiges d’un imaginaire populaire, considéré comme relevant de la superstition. L’imaginaire ancien, celui de nos prédécesseurs préhistoriques, survit encore néanmoins, confiné dans de belles œuvres de fiction ou de douteuses pratiques ésotériques, ce qui tend à supposer que notre lien avec la nature reste un vrai besoin – même enfoui profondément parfois.

Débarrassée des derniers cultes païens de la nature, la forêt fait place à de nouveaux usages, et puisqu’on ne la vénère plus, elle devient uniquement utilitaire. Riche de ressources, elle est âprement disputée tout au long des siècles jusqu’à aujourd’hui.

Une forêt sauvage pour imaginer l’avenir ?

Notre imaginaire occidental des forêts s’est bâti sur des affrontements idéologiques successifs : civilisation opposée au sauvage, Homme maître de la Nature, christianisme vainqueur du paganisme. Découlant de cet imaginaire, notre rapport à la forêt, en tant que société, a été celui d’exploiteurs en concurrence, chaque parti cherchant à obtenir un plus grand butin que les autres, d’où les débats animés qui nous occupent encore aujourd’hui.

Cet imaginaire place l’humanité en dehors de la nature et cherchant à lui être supérieur. C’est peut-être la principale idée qui nous distingue des peuples premiers évoqués plus haut, dont l’imaginaire place l’Homme parmi les autres créatures, sous l’égide des forces supérieures de la nature : ainsi des peuples premiers d’Amazonie, d’Alaska, de Sibérie ou d’Australie… pour qui la principale menace est justement l’irruption de la civilisation occidentale qui transforme leur rapport au monde malgré eux.

Cependant, sans notre imaginaire bien particulier, nous n’aurions sans doute jamais pu développer notre civilisation, avec ses techniques, ses arts, ses découvertes. Alors à présent, et sans renier notre histoire, ne serait-il pas temps de réconcilier nos contraires ?

Nous avons perdu notre lien premier à la forêt, fort, émotionnel, à force de soumettre le vivant à nos lois, et notre imaginaire collectif actuel n’en est qu’un pâle reflet. Pour le recréer, quoi de plus pertinent que ce projet de forêt primaire porté par notre association ? Il propose à notre société occidentale de regarder se transformer une forêt vers son état sauvage, nous donnant ainsi l’occasion de réapprendre, par l’expérience, par l’émotion, ce qu’est véritablement la nature quand l’humanité n’interfère pas dans ses dynamiques.

Nul doute que ce spectacle sera source d’un nouvel imaginaire collectif, capable de nous inspirer des idées neuves pour faire évoluer notre société. C’est aussi un beau cadeau à faire à nos enfants, sous la forme d’une histoire à suivre de génération en génération.

Felice OLIVESI
Mars 2022

1. Robert Harrison, Forêts, Essai sur l’imaginaire occidental, Flammarion, Paris, 1992

2. Martine Chalvet, Une histoire de la forêt, Seuil, Paris, 2011, pp.35-36

3. Anne Wagner et Monique Goulet, « La forêt dans l’hagiographie », in La forêt au Moyen-Âge, Les Belles-Lettres, Paris, 2020, pp.85-103

>> Retrouvez ici l’épisode 1 et l’épisode 2 de « Mémoire des forêts »

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