Un mur de 186 kilomètres de long, 5,5 m de haut, surmonté de fils de fer et assis sur une fondation en béton. Et cela au beau milieu d’espaces classés Natura 2000 comprenant des zones humides, des vallées fluviales et des vieilles forêts, dont le joyau de Białowieża, dernière forêt primaire de plaine d’Europe, de nouveau très durement frappée.
Ce mur de la honte le gouvernement polonais en a lancé la construction le long de la frontière biélorusse, au prétexte d’un danger migratoire ! Cette décision, par-delà son inanité et son inhumanité mêmes, prise sans aucune concertation, sans aucune évaluation des conséquences environnementales et sociales est une violation flagrante des législations européennes de la nature, particulièrement de l’article 3 de sa Directive Habitat.
Cette construction va provoquer des dommages considérables. Tout d’abord le mur frontalier traversant le cœur de la forêt vierge de Białowieża rompra la communication entre les forêts des deux côtés de la barrière et empêchera la libre migration des animaux. La première victime en sera la dernière population de lynx des plaines (Lynx lynx lynx), en voie d’extinction. Seront aussi concernés les bisons d’Europe et les élans, les loups, les ours. Par ailleurs et plus largement, ce mur fracture un des plus importants corridors écologiques d’Europe, mettant en lien les grandes forêts d’Ukraine et de Biélorussie avec les forêts de la Pologne centrale et occidentale et, au delà, les forêts d’Europe occidentale.
Dès sa construction même, les travaux, les norias de camions et d’engins vont provoquer des dégâts considérables s’ajoutant aux coupes d’arbres d’octobre dernier. On a déjà constaté avec la clôture provisoire en barbelés militaire érigée depuis juillet les ravages que pourra causer parmi les animaux l’érection d’une clôture définitive (notre photo).
Aujourd’hui plus personne ne peut accéder à la zone. Le gouvernement polonais veut évidemment empêcher les protestations et cacher les faits.
Cet immense scandale environnemental doit cesser. Nous demandons que L’Union Européenne intervienne sans délai pour arrêter la construction de ce mur prévue pour durer 150 jours. Déjà de nombreuses protestations se sont élevées contre l’initiative du gouvernement polonais. Notre association est totalement partie prenante et solidaire de toutes les actions en ce sens. Francis Hallé a signé avec 1700 autres scientifiques du monde entier une lettre adressée à Ursula Van Der Leyen, présidente de la Commission européenne, Frans Timmermans, vice-président et Virginijus Sinkevicius, commissaire à l’Environnement. Notre association Francis Hallé pour la Forêt primaire a rejoint l’appel de 156 ONG internationales adressées aux dirigeants européens.
Eric Fabre
Secrétaire général de l’association Francis Hallé pour la forêt primaire
11 février 2022
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